Tuesday, August 25, 2020

Agneau de pré-salé | Accrocher les wagons AOT à la locomotive AOP - l'Agriculteur Normand - l'Eure Agricole

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Nationalement, voire internationalement reconnu, l’agneau de pré-salé ne constitue qu’un microcosme. Dans ses havres : seulement 33 éleveurs ovins professionnels, dont 5 sous signe officiel de qualité AOP. A côté, une foultitude de particuliers qui ont accès au Domaine Public Maritime et profitant de la notoriété d’un savoir-faire sans s’en imposer les mêmes contraintes. La guerre du pré-salé n’est pas déclarée, mais la Chambre d’agriculture de la Manche, soutenue par la Cran (Chambre régionale d’agriculture de Normandie), souhaite remettre de l’ordre dans la bergerie. Mercredi dernier, Pascal Férey, son président, a invité l’Etat et les différents acteurs sur le terrain pour un échange constructif. L’exploitation du Gaec du Phare à Agon-Coutaiville, gérée notamment par Rolland Salle (vice-président de l’AOP pré-salé du Mont-St-Michel), a servi de cadre d’illustration à la problématique de la qualité de l’eau, de la construction de bergeries, aux contraintes de pâturage, au renouvellement des générations...

Qualité de l’eau

« La qualité des eaux, c’est une préoccupation majeure depuis 3 ans, reconnaît Christian Dutertre, maire d’Agon-Coutaiville. Trois fermetures de baignade, ça fait désordre, mais on n’a toujours pas identifié les sources de pollution. L’essentiel ne vient pas du monde agricole ».
« L’origine de la pollution est diffuse ", acquiesce Jacky Bidot, président de la CDC (Communauté de communes). Un comité de pilotage pour la reconquête de l’eau a été mis en place « et tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice ». Dans ce sens, le territoire a été l’un des 13, au niveau national, à signer l’an dernier un Contrat de transition écologique. Et l’élu d’imaginer la construction de bergeries « résilientes un peu comme les paillotes en bord de mer ». Des bergeries pour abriter les troupeaux, l’hiver bien sûr, mais aussi à chaque grande marée. Les déjections animales, dans les herbus recouverts en période de fort coefficient, auraient un impact négatif sur la qualité des eaux. C’est pourquoi les éleveurs sont contraints de retirer, dans ces zones classées Natura 2000, leurs animaux 5 jours avant le début de la grande marée.

Construire des bergeries

La profession se heurte cependant à un problème structurel : le manque de bergeries ou des bergeries obsolètes. Celle de Rolland Salle accuse le poids des âges. Les conditions de travail qu’elle impose refroidiraient tout jeune désireux de s’installer dans cette production. Et ce n’est pas un problème financier comme l’a malicieusement souligné Gérard Gavory, préfet de la Manche.
Certes, le pas de temps administratif avec 2, 3, 4 voire 5 ans pour valider un projet est à raccourcir, mais le point d’achoppement est ailleurs. Il est souvent le fait d’une poignée « d’antitout » qui mettent bout à bout de multiples procédures juridiques pour générer une situation de blocage et de découragement.
Quand le préfet reconnaît « qu’il est difficile d’appliquer des règlementations complexes dans un environnement où beaucoup d’acteurs ont des intérêts contradictoires », Pascal Férey plaide pour « un concordat avec les associations environnementales, trouver un système qui embarque tout le monde ». Pas question pour autant de construire des cathédrales, mais il y a urgence. « Le temps nous est compté et il serait dommage de ne pas transformer l’essai. L’AOP doit progresser sinon elle va disparaitre », craint le président de la Chambre d’agriculture de la Manche, soulignant au passage l’implication du sénateur Bizet sur le dossier. Une inquiétude que partage le local de l’étape. Rolland Salle, défendant l’intérêt général, revendique « un accès au domaine maritime réservé aux seuls éleveurs AOP pré-salé Mont-St-Michel en accompagnant tous les éleveurs non AOP dans le respect du cahier des charges AOP ». La pérennité de cette filière d’excellence est à ce prix. Pour éviter le surpâturage en certains endroits et le sous-pâturage en d’autres au bénéfice de la biodiversité, il faut trouver les bons équilibres et un juste partage de la valeur ajoutée. Du côté des représentants manchois du Sénat et de l’Assemblée nationale, on se dit prêt à relever les manches. « Il faut adapter la loi Littoral au changement climatique », admet Jean-Michel Houllegate, sénateur. « Elle est trop contraignante, elle doit évoluer. Il y a nécessité de s’imprégner des réalités du terrain pour légiférer », rebondit le député Bertand Sorre. Le chiendent maritime n’est peut-être pas certain de conquérir les havres du pré-salé, à moins que...




August 25, 2020 at 07:29PM
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